Comment PowerPoint a (très mal) formaté la pensée occidentale | Slate.fr
Publié le : jeu 01 juin 2017Views: 2054

Publié dans : Méthodes et organisation Pédagogie

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Désincarné, manquant de nuances… Les charges contre le logiciel sont lourdes.
Rangez vos slides !
La dernière fois que vous avez vu un #PowerPoint? Cet après-midi, lors de la réunion inter-service hebdomadaire, au cours de laquelle une salariée aux mains moites vous a endormie avec les «enjeux et perspectives 2017» à grand renfort de graphiques colorés. Vous pensiez vous détendre hier soir en allant au théâtre, manque de pot, vos potes avaient pris quatre places pour PowerPoint Comedy, le spectacle du YouTubeur Pierre Croce qui fait rire avec de véritables slides. De retour dans votre lit, vous scrollez les sites d’infos et vous tombez sur l’histoire (vraie) de ce garçon qui a fait un PPT (on va abréger pour le bien de tout le monde) pour convaincre ses parents de le laisser jouer à la console. Puis celle du mec qui s’en est servi pour créer son profil Tinder.

Le logiciel est dangereux parce qu’il fournit une illusion de compréhension et de contrôle. Certains problèmes ne peuvent pas être traduits en puces

Slidéologie

Avant d’être cet #outil has been et ridiculisé à souhait (la blague sur le Comic Sans MS est carrément le Toto de l’open space) voire banni des entreprises –Sun Microinformatics (1997), LinkedIn (2013) et Amazon (2015)–, le logiciel était pourtant aux années 1980 ce que les Google Glass ont été à 2010: la promesse d’un avenir meilleur. À l’époque où les cols blancs se salissaient les doigts à dessiner sur des papiers plastique transparents pour rétroprojecteurs, Whitfield Diffie (inventeur du cryptage SSL) développe un programme de mise en page de texte à puces. Bob Daskins, ancien chercheur en informatique à Palo Alto, flaire le gros coup et crée un logiciel similaire en 1984, racheté 14 millions de dollars par Bill Gates pour Microsoft, trois ans plus tard. La sauce prend.

TED, nouveau roi de la com’

Comme toute bonne success story bien scénarisée, il fallait un cliffhanger. Depuis quelques années, le logiciel, devenu l’incarnation d’un management fatigué de lui-même, est menacé par de nouveaux moyens de faire le rigolo devant un auditoire. Outre ses concurrents directs (Prezi, version 3D, Focusky ou Bunkr, qui permet d’intégrer fichiers, tweets, audio…), la présentation slide a pris un sacré coup de vieux avec l’arrivée des conférences TED. Pas de notes, pas de bullet point, ni de fichier sur lequel transpirer parce que le rétroprojecteur a planté, mais des speechs au style enlevé et au parfum de spontanéité.

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