« Les politiques éducatives… se sont heurtées à ceux qui défendent le statu quo et une conception élitiste de l’institution scolaire. Il en a résulté une démocratisation en trompe l’oeil ». Dans cette nouvelle édition de « La démocratisation de l’enseignement », Pierre Merle introduit de nouvelles analyses basées sur des recherches récentes. Il prend aussi position dans le débat sur #l’éducation prioritaire, recommandant la délabellisation. Il évoque aussi pour la première fois les facteurs pédagogiques de la démocratisation scolaire.
Dans cette nouvelle édition de « La démocratisation de l’enseignement » vous parlez pour les 20 dernières années de « démocratisation en trompe l’oeil ». Pourquoi ?L’expression correspond à une lecture sociologique du développement du système éducatif. On peut avoir l’impression d’une démocratisation du système éducatif car l’accès au bac s’est accru et il y a de plus en plus d’étudiants. Mais il y a en fait davantage massification que démocratisation. Les inégalités entre les filières du lycée se sont maintenues, voire ont augmenté. Et elles sont liées aux inégalités sociales. Par exemple la filière S connaît une surreprésentation croissante des catégories favorisées. A l’inverse les filières professionnelles se sont prolétarisées.Il y a t-il des pédagogies qui favorisent la démocratisation de l’Ecole ?C’est un point neuf de cette édition. Dans les théories explicatives des inégalités, j’ai introduit le rôle des pédagogies. On a une culture pédagogique limitée en France, souvent limitée à l’opposition entre l’approche magistrale (du maître vers l’élève) et le constructivisme (« l’élève au centre »). Je mets en avant l’importance d’une enseignement explicite comme celle des pratiques d’évaluation. Il y a eu des progrès, mais il faudrait avancer davantage sur cette question.Propos recueillis par François Jarraud