Individualisation ou personnalisation ?
La question de l’individualisation de la formation a d’abord été exprimée dans le champ de l’orientation et de l’enseignement en cours de massification d’après 2ième guerre mondiale. La théorisation de la question commence pour la France dès 1942 et donne lieu à un ouvrage en 1946 rédigé par Roger Gal, il s’inscrit dans la visée de donner un nouveau souffle à l’enseignement d’un pays à reconstruire. Cette première mention se pose comme une alternative ou une critique du système en place.
Les référents théoriques pédagogiques
Meirieu identifie 6 référents théoriques pédagogiques pour aider à penser l’individualisation de la formation.
- l’humanisme et la pédagogie personnalisée centrée sur l’apprenant (ex stages individualisés, plan de travail individualisé). Avec le numérique le choix de suivre son MOOC ou de mener une recherche libre sur internet.
- la psychosociologie (tutorat, psychothérapie, « pédagogie de contrat », apprentissage guidé par la tâche). Avec le numérique il est possible de développer du etutorat.
- le behaviorisme avec toutes les formes d’enseignement programmé individuel, travail indépendant, auto-correction. L’enseignement adaptatif et les programmes numériques qui définissent les progressions visent les modifications des comportements.
- la psychologie différentielle avec les expériences des « ateliers » ex : « ateliers pédagogiques personnalisés » ou les expériences d’auto-formation assistée, ou les groupes de niveaux, ou des itinéraires et parcours, ou encore les lieux ressources. Ici l’usage de tutoriels, ou d’espace d’autoformation comprenant des moyens informatiques sont les solutions numériques actuelles.
- la pédagogie de projet, les unités capitalisables, pédagogie par objectif. Avec le numérique l’attestation par des badges acquis en ligne à l’occasion de projets relevés
- la psychologie cognitive constructiviste où il s’agit de mettre le sujet dans des situations d’apprentissage adaptées à son niveau de développement ex situation problème, éducabilité cognitive.
Aux apports de Meirieu, il pourrait être intéressant d’intégrer les derniers apports en matière de neurosciences et de biorythme.
L’offre de service de l’individualisation
L’individualisation s’intéresse aussi à l’évaluation des produits d’apprentissage qui comprend l’évaluation diagnostic (préacquis, prérequis), l’évaluation formative en cours de formation à vue de régulation et l’évaluation sommative (critériée ou normative). Elle débouche sur des dispenses de formation, attestations individualisées, reconnaissance d’acquis. L’évaluation ipsative est l’évaluation de soi par soi-même elle participe également à un regard. Et demain devra-t-on faire de la reconnaissance faciale en ligne pour attester la personne qui passe un test en ligne ? Comment utilisera-t-on les normes XaPI pour tracer toutes les expériences singulières en ligne ?
L’individualisation est rendue possible car elle prend en référence des certifications, les référentiels de savoir-faire, les fiches métiers.
Aligner les 3 niveaux de l’individualisation : l’apprenant, le dispositif et l’organisation
Pour prendre une métaphore et distinguer l’individualisation de la personnalisation, il est possible de prendre l’image d’un livre :
- L’individualisation c’est « La navigation dans le livre dont vous êtes le héros »
- La personnalisation c’est « Le livre que l’on écrit soi-même »
L’individualisation tellement appelée de nos vœux doit prendre garde à ne pas verser vers une industrialisation qui fasse que chaque individu ne soit pas seulement une unité interchangeable d’un dispositif mais une personne à part entière. Tout l’enjeu est « d’individualiser les parcours pour personnaliser les formations ». Par ailleurs, le potentiel du numérique est si fort qu’il peut nous présenter de façon avantageuse des solutions comme si elles étaient singulières alors qu’elles ne sont que la mise en moule.
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Repéré depuis https://cursus.edu/articles/43545/personnalisation-et-individualisation-de-la-formation-a-lere-numerique