[Newsletter #84] Le CPF, ça marche ou ça marche pas ?
Publié le : lun 20 mars 2017Views: 705
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Après le DIF (dont le succès, s’il s’était mesuré au stock, aurait été total, mais qui dans les faits n’a été utilisé que par 1 salarié sur 3 en 10 ans), place au CPF qui a maintenant presque 3 ans, et qui compte seulement 4 millions de comptes créés, soit à peine 15 % de salariés, et seulement 800 000 formations réalisées. Quel bilan peut-on tirer ? Et surtout qu’en attendre pour l’avenir ?

 


Le CPF, qu’est-ce que c’est ?

Vous avez 3 minutes ? Alors tout est là. Sinon, pour faire simple (sic) c’est un compte formation qui vous est personnel, qui peut atteindre 150 heures après 7 ans et qui vous permet de financer une formation, quel que soit votre statut (salarié ou demandeur d’emploi). En théorie tout va bien.

En pratique, ceux qui ont tenté l’expérience de créer leur compte comprennent que la tâche s’annonce compliquée, et pour les employeurs, la mise en œuvre n’est pas des plus simple.

Cependant, l’ensemble des intentions sont louables, et vont même au-delà du service minimum avec le CPA qui vient compléter le CPF.

Quant au volume de 150 heures qui pourrait sembler trop faible (une vingtaine de jours), là aussi bonne surprise, les employeurs, les OPCA, Pôle emploi, les régions ou l’individu lui-même peuvent abonder pour dépasser ces 150 heures.

Si aucune critique ne peut être réellement faite sur le fond, la mise en œuvre a été plus douloureuse.

 


Pourquoi cela a-t-il mal commencé ?

Le moins que l’on puisse dire c’est que le DIF n’a pas laissé que de bons souvenirs :

Et l’arrivée du CPF a soulevé pas mal d’inquiétudes :

Lancé au pas de course, sans réellement préparation, information et coordination avec les principaux acteurs de la formation, le CPF a eu bien du mal à s’imposer :

  • chez les salariés ou demandeurs d’emploi livrés à eux-mêmes face au capricieux système de création de comptes CPF,
  • chez les organismes de formation qui n’ont pas suffisamment anticipé le caractère qualifiant ou certifiant qui devait être attaché aux formations,
  • chez les partenaires sociaux qui ont constitué des listes de formations éligibles pour le moins étranges : tentez l’expérience.

Les premiers bilans ont été un peu durs, mais il semble que la machine commence à s’ébrouer, sans pour autant s’emballer.

Et si on s’intéresse au TOP 5 des formations mises en œuvre dans le cadre du CPF, on peut avoir quelques surprises :

  • Tests TOEIC (test d’anglais)
  • CléA (Socle de compétence)
  • BULATS (autre test d’anglais)
  • Stage SPI (préparation à l’auto-entrepreneuriat)
  • Certificat à la conduite en sécurité des chariots élévateurs

Cherchez l’erreur…

Sur le podium on trouve 2 tests qui ne sont pas réellement des formations, ensuite un stage pour la création de microentreprises, et plus révélateur, dès la 5e place une formation très pointue sur la conduite de chariot élévateur.

De là à en conclure qu’il y a un « léger » décalage entre l’offre et la demande, le pas est vite franchi.

 


Pourquoi cela doit-il marcher ?

On le voit, tout n’est pas rose dans le monde du CPF. Le DIF avait déjà affaibli les organismes de formation en ajoutant des contraintes et des difficultés de mise en œuvre des formations, le CPF a été le coup de massue bloquant l’accès à un grand nombre de formations. Cependant, le CPF n’est pas le seul fautif, et l’obligation de rendre les formations certifiantes n’est pas une mauvaise chose loin de là. C’est la rapidité du basculement, le manque d’anticipation et d’accompagnement qui a causé le plus de dégâts. Les organismes sont encore en train de se débattre pour rendre un maximum de leurs formations éligibles au CPF, mais le chantier est énorme, et les moyens pas toujours à hauteur du besoin.

La réussite du CPF est une obligation à la fois pour les salariés et les demandeurs d’emploi, car la formation est un des meilleurs leviers de développement de l’employabilité, mais aussi pour les organismes de formation qui pour beaucoup sont dans des situations très délicates.

Les premières tendances en 2017 poussent à l’optimisme, même si ce sont les gros opérateurs qui en bénéficient le plus.

Il semblerait que les dispositifs CPF et CPA commencent à monter en régime et que le rythme s’accélère, espérons que d’ici quelques années, les couacs des débuts ne soient plus que de mauvais souvenirs.

« Allez, allez ! ne faiblissons pas ! » — Les Shadoks

 

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