[Newsletter 241] Quand la formation se prend les pieds dans le tapis
Publié le : lun 13 juillet 2020Views: 699
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Former est un processus complexe, il consiste à cloner une partie du cerveau d’un sachant vers un apprenant. Certains ont tenté de réduire les connaissances et les pensées à des données et des principes physiques : le téléchargement de l’esprit. Ce procédé pourrait fonctionner si tous les cerveaux étaient identiques. Or c’est ballot, ils sont tous différents. Allo Houston, on a un problème !

 

Le piège de la confusion entre compétences et connaissances

Le piège le plus fréquent en formation est d’articuler le dispositif de formation à partir de son contenu plutôt que sur les résultats opérationnels attendus (les connaissances plutôt que les compétences).

Une compétence est la capacité, dans une situation identifiée, de mettre en œuvre de façon combinée et structurée des connaissances, des savoir-faire pour obtenir des résultats maîtrisés et mesurables. C’est ce qui s’appelle de façon courante avoir de l’expérience.

Une connaissance est un ensemble structuré et intériorisé de savoirs.

Un savoir est une donnée, un concept, une procédure, codifiés dans un ouvrage de référence.

Très souvent, les formations se concentrent et se contentent d’accumuler des connaissances. C’est malheureusement s’arrêter au milieu de gué et laisser l’apprenant expérimenter seul, au risque de ne pas arriver à transformer ses connaissances en compétences.

 

Les piège des représentations mentales 

Comment vous représentez-vous le principe de la règle de trois ? Certains se souviennent de l’image utilisée en CM1des 2 canards faisant 3 coin-coins toutes les minutes, d’autres de la représentation mathématique du produit en croix, d’autres se sont forgé leur propre représentation de la méthode de calcul. Pourquoi ces représentations sont-elles différentes ? Pourquoi n’y en a-t-il pas une qui conviendrait à tout le monde ?

Tout simplement parce que nous empilons et combinons nos connaissances, des plus simples aux plus complexes, au fil de leur acquisition. Cette construction très structurée nous aide à raisonner facilement et rapidement, car nos réflexions s’appuient sur des bases solides et maîtrisées.

Nos parcours d’apprentissages étant tous différents, nos constructions de connaissances sont toutes différentes. Il est alors illusoire de vouloir imposer une seule et unique représentation d’une nouvelle connaissance de façon linéaire et méthodique.

La bonne approche consiste à faire découvrir pas à pas l’ensemble des savoirs constituant cette connaissance en demandant à l’apprenant de réfléchir et de manipuler chaque savoir étape par étape afin qu’il construise sa propre représentation. Il n’est pas interdit bien sûr de donner des exemples de représentations pour aider à la compréhension. Il est par contre fortement déconseillé d’utiliser comme méthode d’évaluation la mémorisation de la représentation utilisée comme exemple mais bien plutôt de vérifier que l’acquisition de chaque savoir est solide (en demandant une reformulation par exemple).

 

Le piège du meilleur chemin pour aller à Rome

Comment apprend-on ? Cette question trouve quelques éléments de réponse grâce aux neurosciences mais la seule certitude est que chacun apprend à sa manière. Certains fonctionnent par expérimentation (essai / erreur comme dans la toute petite enfance), d’autres préfèrent apprendre de façon scolaire une méthode sûre qu’ils vont ensuite utiliser et s’approprier (l’adapter), d’autres enfin vont tenter d’esquiver l’apprentissage le plus vite possible en se contentant de trouver quelques raccourcis et faire ensuite confiance à leur smartphone pour leur venir en aide le moment venu.

Dès lors, quel est le meilleur parcours pédagogique pour apprendre ? Le plus courant est celui qui reprend l’approche scolaire : apport théorique, exercices, évaluation.

Fort heureusement, le Digital Learning permet (quand cela a été rendu possible) de laisser chaque apprenant constituer son propre parcours. En voici quelques exemples :

  • commencer par s’évaluer pour savoir où l’on se situe, puis apprendre uniquement ce qui n’est pas connu, pour finir par une nouvelle évaluation ;
  • commencer par les exercices pour expérimenter, puis picorer dans la théorie pour compléter ce qui n’aura pas été découvert par les exercices pour finir par l’évaluation ;
  • commencer par la théorie, puis faire les exercices de mise en pratique, pour finir par l’évaluation ;

 

Que ce soit en salle ou en Digital Learning, la bonne approche est de parier sur l’intelligence plutôt que sur la discipline et la mémoire.

 

“Il ne faut pas confondre apprendre et l’illusion d’apprendre.” — Morpheus

 


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