[Newsletter 231] Les fakes news de la formation
Publié le : lun 04 mai 2020Views: 658
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Entre les neuromythes, les rapports fumeux et les rêves que le marketing cherche à nous vendre, la formation n’échappe pas aux fakes news. La liste est longue, voici notre top.

 

Le top des fakes news en formation

Il existe 3 styles d’apprentissage (VAK : Visuel, Auditif, Kinesthésique) :

Notre top-position, avec 3  390  000 résultats sur Google, ce neuromythe a encore la vie dure et reste une valeur sûre dans les approches pédagogiques.

Ce mythe prétend que chaque apprenant aurait un style d’apprentissage privilégié : visuel, auditif ou kinesthésique. En réalité, ces préférences, quand elles s’expriment, sont de simples habitudes de travail. La science démontre que s’y conformer n’apporte aucun bénéfice. L’homme est avant tout un être visuel, quelle que soit sa préférence éventuelle. Il est démontré qu’associer une image à une explication facilite l’apprentissage chez tous.

(source « NeuroLearning, les neurosciences au service de la formation »)

 

85 % des emplois de 2030 n’existent pas.

Celle-ci est non seulement coriace, mais d’une origine très fumeuse. Cela n’a pas empêché de très nombreux journaux de la reprendre tel quel en citant « des études américaines… » et d’afficher un très honorable 947  000 résultats sur Google.

Utilisée très largement pour justifier de se former continuellement afin de lutter contre l’obsolescence de ses compétences, et donc d’acquérir les meilleures plateformes pour faciliter cet apprentissage, l’origine de cette infox remonte à une étude (non scientifique) de l’Institute for the Future réalisée pour le compte de Dell.

Si 85 % des emplois de 2030 n’existent pas encore aujourd’hui, il faudrait préciser s’il s’agit d’emplois entièrement nouveaux ou d’emplois existants dont l’exercice aura évolué et aura nécessité une formation continue. S’il est certain que la majorité des emplois seront transformés par les nouveaux outils issus du numérique et de l’IA et nécessiteront leur lot de formations continues, ces emplois subsisteront tout de même en grande majorité. Qu’il s’agisse des employés de bureau, des ingénieurs, des services publics, des enseignants, des agriculteurs, etc.

Le chiffre de 85 % n’est pas vraiment sourcé dans l’étude de l’Institute for the Future. L’étude fait référence à un article de Forbes The rise of the freelancer economy de Brian Rashid de 2016 qui fait allusion à l’évolution du marché des freelances selon laquelle en 2020, la moitié de la force de travail US en sera constituée. Les informations de l’article en question de Forbes servent surtout à mettre le lecteur en bouche pour la description d’un service en ligne d’une startup, Tispr, qui joue le rôle de plateforme d’intermédiation entre freelances et employeurs.

(source : Le Journal des RH « Les fumeuses prévisions sur le futur de l’emploi et l’IA »)

 

On peut apprendre en dormant

La croyance erronée selon laquelle il serait possible d’apprendre en dormant n’est pas nouvelle. Des chercheurs de l’ancienne Union soviétique s’étaient penchés sur cette question dans les années 1950-1960. Certaines de leurs études prétendaient obtenir des résultats positifs, mais présentaient de gros défauts méthodologiques. Cela explique que les scientifiques des pays occidentaux n’aient jamais pu reproduire les effets allégués.

Pour apprendre, il faut être éveillé, car des efforts conscients sont nécessaires. Si le sommeil ne permet pas de faire de nouveaux apprentissages, il joue cependant un rôle considérable dans le développement et le fonctionnement du cerveau. Il permet notamment de consolider les apprentissages que l’on a faits en période d’éveil.

(source « NeuroLearning, les neurosciences au service de la formation »)

 

Tout se joue dans la petite enfance

Selon cette croyance erronée, il est critique de faire certains apprentissages à un âge précis sous peine de ne plus pouvoir les réaliser par la suite ou très difficilement. « Tout se joue avant 3-6 ans », prétend ce mythe.

C’est au début de la vie que la plasticité neuronale, c’est-à-dire la capacité du cerveau à se remodeler, est la plus intense, c’est pourquoi les enfants apprennent très vite. Les périodes optimales pour apprendre sont alors dites « sensibles » ou « critiques ». L’apprentissage est tout à fait possible après, il sera simplement plus long et moins facile. L’homme est neurologiquement programmé pour apprendre toute sa vie, et ce jusqu’au plus grand âge.

(source « NeuroLearning, les neurosciences au service de la formation »)

 

La pyramide de l’apprentissage (une demie fake-news) : on retient 10 % de ce qu’on entend, 20 % de ce qu’on lit et 30 % de ce qu’on voit.

Très intéressant comme statistique quand on veut vendre de la vidéo, sauf que les chiffres de cette toute première partie du cône de Dale ne reposent sur aucune donnée scientifique. Ce qui est vrai par contre, c’est que nous retenons mieux les informations quand plusieurs canaux sont combinés : l’audio, le texte, les visuels, et encore plus s’il y a du mouvement.

(source : XOS « Le cône d’apprentissage d’Edgar Dale n’est pas celui que l’on croit »)

 

L’interactivité renforce la mémorisation

Attention à ne pas confondre problème et solution. Ce qui renforce la mémorisation, c’est l’attention, et la réflexion. Demander à un apprenant de résoudre un problème en effectuant des manipulations, des expérimentations l’incite à se concentrer et à réfléchir. Cela n’a rien à voir avec cliquer sur des boutons pour faire apparaître des textes ou bien avancer dans un scénario linéaire. Attention à la cliquobesité !

(source « NeuroLearning, les neurosciences au service de la formation »)

Nous vous invitons à garder vos neurones en éveil, à vérifier, re-vérifier, et re-re-vérifier les sources des informations présentées comme des faits acquis ou des vérités.

 

« Aie confiance… crois en la formation… » — Kaa

 

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