[Newsletter 226] De la salle à l’écran, le défi imposé aux organismes de formation
Publié le : lun 30 mars 2020Views: 598
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Le contexte actuel nous oblige à nous adapter au confinement. Pour bon nombre d’entreprises et de services “the show must go on”. De son côté l’école a mis en place la #ContinuitePedagogique et bascule contrainte et forcée sur l’enseignement à distance. Les organismes de formations ont eux pour obligation de fermer l’accueil au public, comment peuvent-ils trouver des alternatives pour ne pas juste tirer le rideau ?

Une nouvelle pédagogie

Les organismes de formation ont diversifié depuis longtemps leurs offres en proposant des modules e-Learning ou des parcours blended. 

Le e-learning tel qu’on le connaît depuis les années 2000 a démontré qu’il était une réponse efficace au besoin de déployer rapidement et largement une formation auprès d’une cible sans déplacement. Le blended learning quand à lui (inspiré de la classe inversée) permet de réduire le temps en salle.

Ces deux formules ne sont pas mauvaises, mais sont-elles réellement une alternative aux formations en salle ? Pas vraiment. Les principaux reproches qui leur sont faits sont l’isolement, le manque d’encadrement et de motivation, d’échanges et d’interactions : tout ce qu’apporte la formation en salle.

De son côté, l’école longtemps décriée face à son manque d’attirance pour le digital fait de son mieux pour assurer les cours, et semble se tourner massivement vers la classe-virtuelle en utilisant les plateformes du cned, de zoom, et des réseaux sociaux avec des groupes Whatsapp, discord, … La principale difficulté ne vient pas des élèves (quand ils ont l’équipement nécessaire) mais plutôt des enseignants qui doivent transformer leurs cours, formaliser des supports, maintenir le lien à distance et apprendre à toute allure à utiliser de nouveaux outils. Mais ils y arrivent.

Ce qui fonctionne pour les petits ne pourrait-il pas fonctionner également pour les grands ?

 

Une nouvelle organisation

Ce qui explique en partie la difficulté des organismes de formation à mettre en place des alternatives identiques à celles proposées par l’école est dû à plusieurs facteurs :

  • la relation entre les OF et les formateurs (bien différente de celle avec les enseignants) ;
  • l’obligation de former pour l’école au regard de l’obligation de fermer pour les OF ;
  • le modèle économique : formations annulées = formateurs et salles non payés et chômage partiel des équipes administratives, ce qui limite la casse ;
  • les compétences nécessaires pour adapter les déroulés et les supports de formation à une animation à distance qui ne sont pas souvent détenus en interne ;
  • l’adaptation d’un catalogue entier impossible à financer quand le chiffre d’affaire tombe à zéro.

La partie n’est pas perdue pour les OF, il reste (malheureusement) de longues semaines pour mettre en place une nouvelle organisation permettant d’assurer les formations à distance :

  • former les formateurs à l’animation à distance ;
  • mettre les bouchées doubles pour digitaliser les supports de formation (sans pour autant tomber dans le piège de la création de ressources coûteuses) ;
  • se doter des outils permettant d’assurer les sessions en ligne ;
  • repenser le déroulé pédagogique pour l’étaler dans le temps ;
  • inventer de nouvelles interactions pour garder le lien et la motivation ;

Certains organismes ont plus de facilités que d’autres pour y arriver. WebForce3 par exemple qui forme au numérique, propose déjà une partie de ses formations en classe virtuelle.

Cependant, une classe virtuelle ne remplace pas totalement une formation en salle, il faut doser et alterner travail personnel, travail de groupe, sessions en ligne et surtout : ACCOMPAGNER les apprenants. C’était le sujet d’une discussion entre experts du Digital Learning dernièrement.

 

Une nouvelle stratégie

Cette période de crise est révélatrice des faiblesses* des systèmes face au confinement.

*Faiblesse : “impossibilité à se défendre, à résister”.

Quand tout va bien, il est facile d’ignorer ses faiblesses, mais quand tout va mal, elles deviennent criantes.

Les organismes de formation malmenés par les différents épisodes de la réforme de la formation professionnelle ont déjà fourni de gros efforts pour adapter leurs offres.

(Pour les plus anciens, la grande grève des postes de 1984 a obligé tous les organismes à se doter de FAX pour recevoir les inscriptions aux stages qu’ils ne pouvaient plus recevoir par courrier. A cette époque, les emails et internet n’existaient pas.)

Aujourd’hui le confinement a plusieurs conséquences :

  • maintenant : tout le monde reste chez soi et découvre les outils et l’organisation du télétravail ;
  • demain (dans quelques semaines) : tout le monde saura télétravailler ;
  • durablement : les freins à la formation à distance auront sauté par obligation.

Quand cette triste période sera terminée tout ne va pas revenir comme avant. C’est maintenant que les organismes doivent repenser leurs stratégies, ne pas miser principalement sur le présentiel (sans pour autant remettre en cause son efficacité et son intérêt) en proposant des alternatives tout aussi efficaces sans contraintes de déplacement. La faible part de CA que représente les offres actuelles de e-learning (autoformation asynchrone)  montre bien que ce n’est pas cette voie qu’il faut emprunter.

L’exercice est difficile car proposer des alternatives iso-pédagogiques au présentiel revient un peu à scier la branche sur laquelle les organismes sont assis. Il va falloir réussir à concilier des business models actuellement contradictoires. 

Mais c’est aussi une fantastique opportunité que de tirer profit du temps dégagé en cette période pour engager des réflexion stratégique et des actions concrètes et pragmatiques, afin de s’organiser pour être plus fort et flexible dans l’avenir et ne plus être pris au piège. Relevons tous ce challenge.

 

“La formation aussi sait s’adapter.” — Charles Darwin

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