[Newsletter 184] Mais à quoi peuvent bien servir France Compétences et les OPCOs ?
Publié le : lun 06 mai 2019Views: 2170
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Il faut bien avouer que CNEFOP, COPANEF CNCP et FPSPP, ça ne parlait pas à grand monde dans le milieu de la formation professionnelle. Le grand coup de balai de la loi 2018-771 du 5 septembre 2018 fusionne le tout en « France Compétences », et en profite pour rebaptiser les OPCA (Organisme Paritaire Collecteur Agréé) en OPCO (OPérateurs de COmpétences). Les noms semblent plus clairs, mais les missions le sont-elles ? Et surtout, sont-elles utiles ?

Si vous n’avez que 2 minutes pour comprendre la réforme, il y a une petite vidéo et une Newsletter pour ça.

France Compétences

Tout est dit sur la 1re page du sobre site FranceCompetences.fr :

« France compétences, la nouvelle gouvernance de la formation professionnelle.

Créée le 1er janvier 2019, par la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel du 5 septembre 2018, France compétences a pour mission d’assurer le financement, la régulation, le contrôle et l’évaluation du système de la formation professionnelle et de l’apprentissage.

Son action promeut le développement des compétences, l’acquisition de certifications ainsi qu’une égalité d’accès à la formation professionnelle de l’ensemble des actifs. »

Pour en savoir un peu plus, une courte vidéo présente les 6 missions de France Compétences :

  1. Répartir l’ensemble des fonds de la formation professionnelle et de l’alternance
  2. Réguler les coûts et les règles de prise en charge des actions de formation
  3. Réguler la qualité des actions de formation
  4. Garantir l’adéquation des certifications avec les besoins de l’économie
  5. Organiser et financer le conseil en orientation professionnelle
  6. Contribuer au débat public

Quant au site, il présente 7 missions :

  1. Financer et répartir
  2. Réguler et contrôler
  3. Garantir les certifications professionnelles
  4. Organiser le CEP
  5. Coordonner et harmoniser
  6. Informer et évaluer
  7. Agir en médiateur

Humm… ce n’est toujours pas clair ?

C’est pourtant simple, on garde tout ce qui se faisait auparavant, on rassemble tout le monde au sein d’une instance nationale quadripartite que l’on nomme France Compétences et on place à sa tête par décret son Directeur général et son Président du Conseil d’administration. Pour rendre la chose fortement gouvernable, le conseil d’administration n’est composé que de 15 personnes réparties en 5 collèges (dont les voix n’ont pas toutes le même poids), chargées de délibérer sur une liste de thèmes fixés par décret eux aussi.

Bref, la chose est semble-t-il largement sous contrôle :)

L’affaire est très sérieuse puisqu’il s’agit de gérer le coquet budget de 2,85 milliards d’euros de la collecte au titre de la formation professionnelle.

Et comme le rappelle Muriel Pénicaud : « Comme je l’ai déjà dit, il s’agit de faire de la régulation, non de l’opérationnel », ouf ! on est sauvés, pas d’opérationnel, juste de la régulation. C’est vrai qu’avec 20,5 millions d’euros de budget de fonctionnement, il aurait été difficile de faire plus que de la régulation.

OPCOs

Comme pour les 4 structures qui ont fusionné pour constituer France Compétences, les 20 OPCA fusionnent pour donner naissance à 11 OPCOs.

La mission des OPCOs est précisée par le Ministère du Travail :

« Le 1er avril 2019, 11 opérateurs de compétences (OCPO), chargés d’accompagner la formation professionnelle, ont été agréés. Ils remplacent les anciens organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA).

Ces opérateurs de compétences ont pour missions de financer l’apprentissage, d’aider les branches à construire les certifications professionnelles et d’accompagner les PME pour définir leurs besoins en formation ».

Pour passer de 20 à 11, il y a eu des rapprochements, des fusions, des disparitions et des créations, tout cela ne s’est pas passé sans heurts, suspens, douleurs et rebondissements, mais enfin, ils sont là.

La collecte au titre de la formation professionnelle n’est plus assurée par les OPCOs mais par l’URSSAF et le financement sera pris en charge prochainement par la Caisse des Dépôts.

Quant au maintenant triomphant du CPF, il pourra être géré directement par les salariés via une application dès la rentrée.

Mais alors, que reste-t-il comme mission pour les OPCOs ?

  1. Les services aux branches professionnelles en matière de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) ;
  2. L’appui technique à l’élaboration et au suivi des certifications professionnelles ;
  3. Les services de proximité à destination des TPE-PME

Ah ? ce n’est toujours pas clair ? Ce n’est pourtant pas bien compliqué, les OPCOs vont aider les entreprises (et plus particulièrement celles de moins de 50 salariés) à utiliser au mieux les formations pour développer les compétences des salariés. Comment ? C’est là tout le mystère !

La formation professionnelle peut-elle se passer de France Compétences et des OPCOs ?

À bien y réfléchir, il y a d’un côté les offreurs de formation : Organismes, Consultants-formateurs, structures dédiées, opérateurs en ligne (comme OpenClassroom),… et de l’autre, les consommateurs : les salariés via leurs employeurs, les individus avec le CPF, les futurs salariés en reconversion ou en formation… L’offre et la demande en quelque sorte.

Il est clair que se former pour développer ses compétences professionnelles, contribuer à former ses salariés pour les entreprises, ou vouloir se former à titre personnel est indispensable.

Mais l’existence et les actions de France Compétences et des OPCOs vont-elles changer les besoins de formation ? Vont-elles changer le prix des actions de formation ? Vont-elles changer la qualité des offres ? Pas sûr.

Dans bien d’autres domaines, laisser le marché de l’offre et de la demande s’organiser seul ne donne pas forcément de mauvais résultats. L’expérience, les avis, les recommandations ont souvent un pouvoir de sélection naturelle des bonnes et des mauvaises offres très puissante.

L’appli CPF ne va-t-elle pas éliminer de façon radicale le positionnement obligatoire et intermédiaire qu’avaient précédemment les OPCAs ? Si le succès est au rendez-vous, la question de la suppression des structures intermédiaires va certainement se poser plus largement.

D’autre part, quel va être le coût de fonctionnement des OPCOs ? Certainement bien au-delà des 20,5 millions d’euros déjà alloués à France Compétences. Mazette ! à 15 € de l’heure pour le CPF, ça en fait des heures de formation.

 

« Je n’ai besoin que de l’essentiel » — Guy Roux

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