[Newsletter #125] Le digital en formation, une vraie révolution disruptive ?
Publié le : lun 05 février 2018Views: 750
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Disruptif, révolution. Les mots du moment. Des mots qui rendent bien service quand on ne veut pas ou ne peut pas expliquer réellement les origines, les raisons, la nature et les conséquences du changement. Autopsie du changement dans le monde de la formation.

Révolution ?

Une révolution est un changement brutal qu’on n’a pas vu venir dans son dos. Or, le digital nous envoie des signaux faibles depuis 1960 avec les premières applications du transistor (qui fût lui, une vraie révolution dans le monde industriel).

Le digital nous bouscule, parce que nous sommes habitués à évoluer dans des environnements verticaux et plutôt stables, et que nous ne sommes pas à l’aise avec la transversalité.

Le digital lui évolue dans un environnement fortement transversal, systémique, et en mouvement permanent.

Notre environnement « humain » se définit par 4 éléments qui subissent de profonds changements :

Le temps : ce qui prenant autrefois des heures voire des jours, prend maintenant un fragment de temps, comme par exemple transmettre la bonne parole d’un expert, qui peut maintenant se faire en quelques minutes avec un Smartphone et une plateforme vidéo.

La distance : se déplacer est certes rapide, mais surtout, la distance n’est plus un frein avec les systèmes de visioconférence ou de classe virtuelle.

La taille : nos échelles de mesure changent, nous ne mesurons plus en Kilo, mais en Tera, Peta et au-delà. Détenir dans sa poche les 28 volumes de l’encyclopédie Diderot et D’Alembert ne fait pas peur à la plus minuscule des clés USB.

L’état : nos livres, tableaux blancs, documents, supports, se dématérialisent, et changent d’un état physique à un état numérique.

La vraie révolution n’est pas le digital, mais notre façon de nous comporter dans notre environnement.

Le Digital, ça change quoi ?

Le Digital nous oblige à entrer dans cet environnement systémique évolutif, dans lequel nous ne sommes pas naturellement à l’aise. Et pourtant, nous avons hérité d’un cerveau optimisé depuis 40 000 ans, particulièrement efficace pour survivre dans la savane hostile par ses capacités à décider rapidement et appliquer la meilleure des stratégies face aux imprévisibles dangers.

Notre précédent schéma stable et rassurant, organisé en silos, nous a programmés pour appliquer des règles et non pas faire confiance à notre capacité à analyser, réfléchir, décider et agir en se remettant en cause à chaque instant. Or, sans cette confiance en nous, aux autres, aux systèmes et aux changements, nous sommes condamnés à rester figés.

C’est cette confiance dans notre capacité à décider après réflexion que nous devons développer à nouveau qui est la vraie révolution.

Et plus nous allons devoir décider plutôt qu’appliquer et plus nous allons devoir observer, écouter, analyser. Il va falloir réapprendre à réfléchir.

Nous allons continuer de monter notre escalier, mais dont les marches ne seront plus de la même hauteur, il ne faudra plus avancer de façon mécanique, mais réfléchie.

Ce que change également le digital, c’est notre perception du « être ensemble ». Le digital nous permet d’avoir le corps à un endroit et l’esprit ailleurs. Notre monde devient double.

Les ados ne s’enferment plus dans leur chambre pour s’isoler, ils le sont avec leur smartphone dans le canapé du salon.

Le « être ensemble » que nous associons à la proximité physique est lui aussi en train de changer, nous pouvons être à proximité sans être ensemble, ou très éloignés et l’être tout de même.

Et en formation ?

N’ayez pas peur de l’arrivée du Digital en formation, les outils ou l’intelligence artificielle (la mal nommée*) ne vont pas mettre au chômage les ingénieurs pédagogiques ou les formateurs.

Ils vont nous offrir l’opportunité de faire différemment ces métiers.

Comme les calculatrices ne nous ont pas diminués, mais nous ont permis de gagner du temps à utiliser les résultats plutôt qu’à les obtenir, les formateurs vont pouvoir gagner du temps à aider à comprendre le savoir plutôt qu’à transmettre le savoir.

L’accès au savoir n’est plus forcément lié aux actions de formation. Le savoir est public, pléthorique et facilement accessible, ce qu’il va falloir apprendre c’est comment utiliser ce savoir.

Le temps gagné sur la transmission des savoirs va permettre à chaque formateur de faire enfin ce qu’il ne pouvait pas faute d’en avoir le temps : s’occuper individuellement des personnes à former en les aidant à s’approprier les savoirs.

 

Ce que le Digital va changer pour la formation, c’est lui permettre de passer de la transmission de la connaissance à la compréhension et l’appropriation de la connaissance.

*L’IA (Intelligence Artificielle), est une mauvaise traduction du mot anglais « intelligence ». Comme l’intelligence économique, qu’il faudrait traduire par « espionnage économique ». Cette « intelligence » artificielle est pour l’instant simplement une surcapacité à traiter des données, une toute petite partie de ce qui définit l’intelligence.

Un grand merci à François-Xavier Marquis pour ses propos inspirants.

 

« Que se passe-t-il capitaine ? je ne reconnais pas notre environnement ! » — Dr Spock

 

 

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