La journaliste américaine spécialisée dans les questions d’éducation,
Peg Tyre(
@pegtyre) auteur notamment de
La bonne école, revient dans
un long article pour Medium sur l’usage de l’informatique à l’école. La révolution de l’apprentissage personnalisé assisté par la technologie promet un enseignement adapté, permettant aux algorithmes de recalibrer en continu les apprentissages pour répondre aux besoins des élèves. Faut-il croire que tout le monde va pouvoir recevoir demain l’éducation personnalisée qui était autrefois réservée à l’élite ?
Pour Peg Tyre, la technologie ne va pas aider à former et conserver ce dont l’enseignement a le plus besoin : de bons professeurs. Tout le monde souhaite une école plug and play, bon marché, ou un professeur enseigne à des centaines d’étudiants. Mais plus encore dans ces situations, les meilleurs programmes scolaires reposent sur eux, insiste Peg Tyre. Pour Josh Densen, le responsable de Bricolage Academy, l’apprentissage mixte fonctionne parce qu’il permet de renforcer « l’effet de l’enseignant », si et seulement si celui-ci est bon. Pour le dire autrement, investir dans la technologie ne suffit pas, il faut d’abord aider les professeurs à être meilleurs. Sans eux, l’apprentissage mixte n’est qu’un moyen pour délivrer moins d’enseignement avec moins d’enseignants.
L’éducation a longtemps été tenue comme une solution à la disparité économique, même si en fait, elle remédie assez peu à l’inégalité. Le problème, c’est que les élèves favorisés sont plus susceptibles d’avoir de bons professeurs, mais sont aussi plus susceptibles d’avoir des enseignants formés à utiliser la technologie et sachant l’intégrer en classe. Si la technologie ne fait que renforcer « l’effet de l’enseignant », cela ne présage rien de bon pour les élèves les plus démunis, qui sont beaucoup moins susceptibles que les autres d’avoir de bons professeurs. Sans compter que les technologies coûtent de l’argent et que ces ressources grèvent les budgets pour recruter les bons enseignants dont les écoles ont prioritairement besoin.
La question est avant tout politique. Quelle société voulons nous pour nos enfants ? Vers une société avec un nouveau prolétariat ou une société plus ouverte créative ? Malgré les mantras promouvant la créativité de la Silicon Valley, tous les travailleurs de demain ne feront pas ce qu’ils souhaitent ou ce qu’ils aiment. Beaucoup devront être insérés dans des systèmes d’automatisation hybrides, à la manière des employés des centres d’appelsComme toujours avec Internet Actu, l’article est dense et permet de remettre en perspective l’impact du numérique sur le monde de l’éducation.
Repéré depuis Les technologies peuvent-elles résoudre la crise de l’éducation ? | InternetActu