Leçons de Français pour les CP et CE1 à 9h, maths pour les CM1 ET CM2 à 10h, ou encore histoire-géographie, sciences et anglais pour les collégiens dans l’après-midi. Depuis le 23 mars, du lundi au vendredi, des enseignants se succèdent au tableau sur la chaîne France 4 pour proposer aux élèves privés de leurs cours classiques exercices et révisions de notions fondamentales des programmes scolaires.
Ces « cours Lumni » s’inscrivent dans le dispositif « Nation apprenante » lancé par le ministère de l’Éducation nationale, pour contribuer à la « continuité pédagogique » en temps d’épidémie. Une situation inédite qui suppose un dispositif exceptionnel ? En réalité, il existe des précédents à cette rencontre de la télévision et de l’école.
Faire entrer l’école à la maison
Mis en place par le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse aux premiers jours du confinement, « Nation apprenante » est un label attribué à un ensemble de programmes de télévision, d’émissions de radio et de publications de la presse écrite accessibles gratuitement. Les acteurs de ce dispositif sont essentiellement des acteurs publics déjà impliqués dans des démarches éducatives destinées aux jeunes, souvent en partenariat avec les institutions éducatives.
Les vieilles technologies se refont une jeunesse
A l’ère du numérique roi, la télévision (surtout hertzienne) fait figure de technologie ancienne et passablement obsolète. Du moins, c’était le cas jusqu’à ce jeudi 16 mars 2020 et la fermeture des établissements scolaires.
La résilience au prix de la modernité
Pour l’observateur au long cours des technologies éducatives et de l’enseignement à distance, l’actualité vient de faire un sérieux clin d’œil aux réalités géopolitiques. Observons combien de technologies « anciennes » sont convoquées au chevet de l’école au risque de contredire formellement ceux qui les pensaient inutiles.
Il y a bien sûr la télévision, la radio et la presse écrite mais ce n’est pas tout. Il y a aussi les manuels scolaires imprimés qui sont plébiscités, notamment parce qu’ils donnent une connaissance partagée des intentions de l’école en termes de référentiels de connaissances ou de compétences, d’organisation dans le temps et d’activités d’apprentissage.
Nouveau contrat éducatif
Les attentes de l’État quant au dispositif « Nation apprenante » sont sans doute proches de celles qui ont conduit à l’instauration de la télévision scolaire dans les années 60. Il s’agit d’assumer au mieux la dimension régalienne de l’Éducation nationale et la télévision peut y aider.
Dès lors, il est possible de rêver à une transition pédagogique plutôt qu’à une continuité pédagogique. On pourrait ainsi établir un nouveau contrat éducatif plus inclusif, plus éthique et plus équitable. Les techniques numériques et audiovisuelles à l’école y seraient appréhendées pour ce qu’elles sont : utiles quand elles permettent des activités d’apprentissage plus efficaces, indispensables pour en acquérir la maîtrise et la connaissance des enjeux au service du développement personnel, du développement professionnel et de l’exercice de la citoyenneté, irremplaçables comme moyens d’ouverture au monde et d’émerveillement.
—————
Repéré depuis https://theconversation.com/lecole-sinvite-a-la-tele-136005