Dormir pour apprendre, dormir pour oublier
Publié le : mar 10 octobre 2017Views: 2026

Publié dans : Cognition et Communication

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Qui ne rêverait pas d’apprendre en dormant ? Cette langue étrangère, par exemple, à laquelle on s’est toujours promis de se mettre. Et si ce rêve était, non seulement possible, mais, qui plus est, exaucé chaque nuit sans que nous nous en doutions ? Car votre cerveau apprend pendant votre sommeil, ou plutôt, il consolide les connaissances apprises. De cette façon, nous nous réveillons chaque matin avec des souvenirs plus forts mais aussi un cerveau prêt à apprendre de nouveau.

Sommeil et mémoire sont liés

Quintilien, le rhétoricien romain, remarquait déjà au Ier siècle : «

[Ce] fait curieux, et dont la raison n’est pas évidente, que l’intervalle d’une seule nuit augmente fortement la force des souvenirs… ». Ainsi, « […] des éléments qui ne pouvaient être rappelés sur le moment, le sont facilement le jour suivant, et le temps lui-même, qui est généralement considéré comme une des causes de l’oubli, sert en définitive à renforcer la mémoire ».

Le temps, grand ennemi de la mémoire, la servirait donc pendant le sommeil.

Renforcer ou supprimer les mémoires ?

Le premier, le modèle de « Consolidation Active », proposé entre autres par Jan Born et Susan Diekelmann, fait l’hypothèse que les informations mémorisées sont rejouées pendant le sommeil (replay) à travers les réseaux de neurones qui servent à les stocker. Cette réactivation permettrait la consolidation des souvenirs grâce au renforcement des connexions entre neurones, et donc du réseau formant le substrat de la mémoire. Durant cette réactivation, les souvenirs seraient également transférés vers des espaces de stockage à long terme.

Deux faces d’une même pièce

Bien que ces deux modèles semblent se contredire (l’un propose que les souvenirs sont renforcés, l’autre qu’ils s’effacent), ils s’appuient tous deux sur de nombreux résultats expérimentaux. Comment expliquer cette apparente contradiction ? Peut-être en admettant que les deux modèles ont tous deux raison ! Lisa Genzel et ses collègues ont en effet proposé que les deux phénomènes pouvaient se produire mais dans des phases distinctes.

Mais comment ces souvenirs seraient-ils sélectionnés par le cerveau pour être rejoués et renforcés pendant le sommeil ? Il est possible que les souvenirs associés à des émotions fortes (joie, peur) ou à des récompenses soient préférentiellement réactivés. Néanmoins, la mécanique de cette réactivation des souvenirs reste encore largement inexplorée. Nos nuits renferment encore bien des mystères.

 

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