Sur le site de « The Conversation France », Benoît Meyronin, professeur de la chaire BNP Paribas Cardif « Ingénierie et culture de services » à Grenoble École de management, s’est intéressé aux natifs digitaux et à leurs comportements en entreprises, ainsi qu’aux implications qui en découlent pour les pédagogues.
Le sujet des générations Y/Z suscite un intérêt croissant en entreprise, où il vient « rafraîchir » des thèmes plus anciens tels que le management intergénérationnel, la reconnaissance, l’exemplarité ou encore la marque employeur. En tant que professeur de management, cette question m’a interpellé en raison de sa prégnance lors des discussions avec des managers, mais aussi lors de rencontres organisées autour des grandes questions de l’entreprise et du management.
MIEUX SAISIR LES RÉALITÉS DES MONDES DU TRAVAIL ET DE LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE
Premier point, on observe que les jeunes générations sont elles-mêmes assez critiques et plutôt lucides sur leurs usages du numérique. Globalement conscientes d’être trop connectées, désireuses de mieux comprendre les logiques de l’économie digitale, sans illusions excessives en ce qui concerne les potentialités des réseaux sociaux – elles semblent leur préférer les « vrais » réseaux personnels et professionnels – les jeunes générations abordent la question du digital avec un certain recul dès lors qu’elles poursuivent des études supérieures.
LA GÉNÉRATION Y ET L’ÉCONOMIE DE L’ATTENTION
Second point, ils ne sont pas multitâches (pas plus que vous ou moi d’ailleurs) et ils doivent donc apprendre à vivre déconnectés pour pouvoir produire des livrables requérant une réelle concentration. Avec Caroline Cuny et Gaël Allain, nous l’avons mesuré dans le cadre d’un cours d’étude de marché et la démonstration est sans appel : lorsqu’ils n’ont pas l’usage d’un PC, les étudiants obtiennent des résultats nettement supérieurs à l’évaluation du TD. Il convient donc de les aider à prendre conscience de cela et de la fatigue qu’entraîne chez eux le fait de se croire plus agiles qu’ils ne le sont.