Créer une communauté d’apprenants, oui mais pour quoi ? | Le blog de la Formation professionnelle et continue
Publié le : mar 14 février 2017Views: 2176

Publié dans : Cognition et Communication Pédagogie

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La tendance est à la prise en compte des apprentissages informels, et à leur encouragement. Prestataires et concepteurs de dispositifs internes de #formation intègrent donc de plus en plus souvent la création d’un groupe dédié sur un réseau social, comme partie prenante du dispositif. Mais suffit-il vraiment de proposer à des apprenants d’adhérer à un groupe Yammer ou LinkedIn pour créer une communauté d’#apprentissage ?

Distinguer les différents types de communautés en ligne

Dans le Social Handbook 2014, Jane Hart reprend la distinction établie par Richard Millington entre différents types de communautés en ligne :

  • communauté d’intérêt, entre des gens qui partagent le même intérêt,
  • d’action, entre des personnes qui veulent défendre une cause, amener un changement,
  • de lieu, pour des gens qui habitent à proximité,
  • de pratiques, pour des personnes qui exercent le même métier ou les mêmes activités.

Communauté de pratique

Etienne Wenger-Traynor définit la communauté de pratique comme «un groupe de personnes qui partagent une préoccupation ou une passion à propos de quelque chose qu’elles font, et qui apprennent à le faire mieux en interagissant régulièrement ».

Ainsi qu’il l’indique sur sa page « introduction aux communautés de pratique » , trois conditions doivent être réunies pour que l’on se trouve en présence d’une telle communauté :

  1. Le domaine : » il ne s’agit pas d’un club d’amis ou d’un réseau. L’identité est définie par un domaine partagé d’intérêt ». L’appartenance implique donc d’être engagé dans ce domaine, et de partager des compétences, qui vont distinguer les membres de la communauté de pratique des autres gens (…)».
  2. La communauté : « (…) les membres s’engagent à des activités communes et des discussions, de l’entraide, du partage d’information. Ils construisent des relations qui leurs permettent d’apprendre les uns des autres, ils prennent soin de leur image vis-à-vis des autres ». Le fait de tous lire le même blog et d’y poster des commentaires, par exemple, ne suffit pas à faire une communauté de pratique.
  3. La pratique : Ce n’est pas qu’une communauté d’intérêt. Les membres nourrissent la communauté de leurs expériences, anecdotes, outils, façons de résoudre les problèmes : l’objet de la communauté est de résoudre des problèmes en mettant en commun des savoirs tacites.

Communauté d’apprentissage

Jane Hart propose de retenir ce terme pour les personnes qui sont réunies par le fait d’avoir participé à un programme formel de formation. La communauté d’apprenants est dans l’intention du pédagogue (Lave et Wenger, 1991). Son objet est la maîtrise de savoirs explicites, qui vont servir une pratique en devenir dans un domaine donné (Delalonde et Isckia).

Trois attitudes fondamentales distinguent une communauté d’apprentissage d’un autre groupe de personnes réunies pour apprendre, écrit R. Grégoire dans l’article consacré sur le sujet par l’Université de Laval (Québec) : l’attention, le dialogue et l’entraide.

  1. L’attention : « les participants manifestent de l’attention les uns pour les autres ». « Chaque membre de la communauté ne fait pas nécessairement la même chose et ne suit pas une démarche identique, mais tous sont soucieux d’assurer l’accès optimal de chacun à un « corpus » commun de connaissances, d’habiletés et d’attitudes ».
  2. Le dialogue : « c’est à partir du moment où un groupe ou une communauté de travail passe du stade de la simple expression de points de vue à celui d’un dialogue sur ces points de vue qu’il se transmue peu à peu en communauté d’apprentissage » écrit R. Grégoire. Travail en groupe, échange d’informations entre apprenants, participation à des projets qui exigent la discussion d’idées et de méthodes : autant de situations qui favoriseront le passage du groupe à la communauté d’apprenants.
  3. L’entraide. Elle « ancre l’apprentissage dans un contexte de solidarité et de responsabilité et rend la totalité de chaque personne présente à chaque autre. Elle donne ainsi à l’attention et au dialogue, de l’intérieur et non comme un ajout, toute leur portée individuelle et sociale », écrit R. Grégoire. Etre membre d’une communauté d’apprentissage, c’est se sentir aidé et être encouragé à aider les autres.

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