Les 58 000 organismes de formation redoutaient la mise en oeuvre de la réforme du 5 mars 2014.
Le choc a été encore plus violent que prévu, notamment pour les spécialistes des langues, de la bureautique et des formations comportementales
« Nous sommes dans le camp de ceux qui ont beaucoup souffert », soupire Bernard Bruche, fondateur du cabinet éponyme, spécialiste des formations en développement personnel. Et pour cause, ces formations comportementales courtes et non certifiantes ont été plébiscitées par les détenteurs du Droit individuel à la formation (DIF). Mais elles n’entrent plus dans le cadre du Compte personnel de #formation (#CPF).
Résultat : le chiffre d’affaires des organismes très présents sur le créneau du développement personnel ou de la bureautique a fondu d’au moins 50 %. « Je vois régulièrement passer des courriers d’administrateurs judiciaires me proposant de reprendre une entreprise ou des personnels, poursuit Bernard Bruche. Heureusement, nous avons accumulé suffisamment de trésorerie pour tenir. Mais nous avons réduit la voilure, passant de 12 salariés permanents à cinq. Alors que nous avons toujours préféré salarier des permanents, nous privilégions aujourd’hui les vacataires », regrette ce chef d’entreprise, qui s’estime toutefois « heureux de ne pas avoir mis la clé sous la porte. »
Encore deux ans
La montée en puissance du CPF promet d’être lente, très lente : « Rendre les salariés acteurs de leur propre parcours professionnel va prendre des années », estime Sana Ronda. « Les entreprises ont autant de mal que les salariés à s’approprier cette réforme, dont on ne peut pourtant que louer la philosophie », confirme Jean Wemaëre, président la FFP, dont les adhérents déclarent en moyenne entre 0 et 10 % de baisse de chiffre d’affaires. « Mine de rien, le DIF représentait 15 % de leur activité », ajoute-t-il.