Le secteur de la formation professionnelle s’apprête à encaisser la réforme du gouvernement mais il digère en réalité déjà une évolution de fonds de ses métiers. « Il y a encore quelques années, nous avions des salariés en formation pendant 200 heures, sur des formations de dix-huit mois, décrypte Alain Kruger, directeur des MBA ESG (Paris). Cette logique change complètement. De plus en plus, on tend vers un travail chirurgical, avec moins de salariés concernés et des volumes horaires en baisse, pour l’acquisition d’un bloc de compétences, et non pas d’un titre. »
Investissements
Pour les entreprises de formation, les investissements consentis sont conséquents. Basée à Bordeaux, l’Insup (200 salariés) aura dépensé cette année 420.000 euros, entre refonte de l’infrastructure serveur, renouvellement du parc informatique, mise en conformité du réseau et déploiement des réseaux wi-fi. Les 13 sites sont désormais interconnectés.
Classes virtuelles
Il s’agit aussi de s’adapter à une demande de plus en plus mouvante. « Nous avons plus de mal à monter des groupes de taille suffisante pour pouvoir rentabiliser l’activité. Les demandeurs d’emploi qui veulent faire au même moment la même formation se font rares.» En réponse, Retravailler multiplie les propositions multisites, a créé depuis un an des classes virtuelles , et bouscule le modèle classique des lieux. « Des espaces salons et des tables hautes viennent s’ajouter aux espaces traditionnels, complète le dirigeant. Cette commande de Pôle emploi a un impact positif sur la dynamique de groupe. » Quant au coût des obligations qualité, il est certes « considérable, environ 200.000 euros par an pour notre structure », mais met un terme à des pratiques de « copinage » préjudiciables. « Les organismes peu qualitatifs, ayant leurs entrées auprès de telle ou telle région, se faisaient auparavant financer. C’est désormais impossible. En ce sens, la réforme est très bonne. »
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