Les biais cognitifs, une erreur dans la matrice ? #404.1 – Performanse
Publié le : mar 10 avril 2018Views: 1409

Publié dans : Cognition et Communication

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Notre cerveau est un organe puissant, fluide, adaptatif, capable d’accomplir en « arrière-plan » une série d’opérations cognitives nous facilitant la vie – ou nous empêchant de trop souffrir au choix – confronté à +200 000 informations qui lui sont présentées par seconde (40/sec dont nous avons conscience), de réaliser près de 35 000 arbitrages chaque jour (moins d’1% consciemment), capable de se remodeler face à de nouvelles expériences pour apprendre tout au long de la vie (neuroplasticité), de faire face à l’adversité, de dépasser des limites physiques et mentales, ou encore d’innover. Si le fonctionnement de notre cerveau est fascinant,nos mécanismes de pensées sont sujets à de nombreuses déviations – près de 200 biais recensés – entraînant des décisions et comportements basés sur des interprétations, évaluations et raisonnements erronés, et tout cela sans même en avoir conscience! Une erreur dans la matrice ?

L’homme rationnel, homoeconomicus, est un mythe…

Plus de 40 ans de recherche sur la décision, embarquée par l’économie comportementale, le confirme : nous ne sommes pas des agents rationnels ! Cette attestation, en ligne avec la thèse majeure du mathématicien et psychologue Daniel Kahneman, renversa le paradigme de l’économie classique – ce qui lui vaudra le prix Nobel d’économie en 2002 : l’homoeconomicus est un mythe. Nous sommes influencés par des biais, des raccourcis mentaux (heuristiques), par les autres, par nos émotions, notre culture ou encore l’environnement dans lequel nous sommes plongés lors de la décision. Les biais ne discriminent personne, pas même les esprits les plus brillants !

Les biais sont dans la nature de l’Homme…

D’abord pour des raisons évolutionnistes, notre cerveau est structurellementproche de celui de nos ancêtres, programmé pour l’action immédiate, la réaction, plus que pour la réflexion, la pensée critique, la perspective à long terme, qui sont des opérations coûteuses à faible utilité immédiate.

Ensuite, d’un point de vue fonctionnel, pour faire face à la multitude de stimuli quotidiens, le cerveau associe, catégorise, simplifie, oublie, et c’est vital ! Imaginez la souffrance d’une personne que mémoriserait dans sa vie absolument tous les événements… Ces opérations de pensées, essentielles, se traduisent par des « actions cognitives » actives, plus ou moins conscientes : filtre, comparaison, transposition, hiérarchie, pondération, etc. résultant en une série de décisions, opérations, et altérations du réel. Le réel n’existe donc pas en tant que réalité tangible et objective, plutôt, nous fabriquons des représentations du réel, – réel reconstruit – dans lequel nous projetons un sens, porté par nos croyances et nos émotions.

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